Proclamé en 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, l’état de siège a totalisé quatre ans, jour après jour, mardi 6 mai 2025. En ville de Bunia, des acteurs sociopolitiques estiment que ce régime militaire a échoué dans sa mission de stabiliser l’Ituri et restaurer l’autorité de l’Etat dans cette province de la partie orientale de la République Démocratique du Congo.

D’après l’assemblée provinciale de l’Ituri, l’état de siège n’a pas su répondre aux attentes de la population sur le plan sécuritaire. Elle avance comme preuve, la « précarité de la situation sécuritaire dans la province, marquée par des tueries massives de civils par des groupes armés nationaux et étrangers ».

Lors de son retour, début Mai de Kinshasa, le Gouverneur militaire de l’Ituri, le lieutenant-général Luboya N’kashama a affirmé avoir ramené la sécurité dans quatre territoires de la province. Une déclaration que le Parlement provincial qualifie d’ironique.

« Le Gouverneur militaire estime avoir sécurisé quatre territoires qu’il n’a pas su énuméré. En homme responsable, il devrait demander fièrement la levée de l’état de siège. Je n’ai jamais vu un médecin responsable qui retient son malade tout en le déclarant guéri », répond Ayile Wayi qui parle au nom du Président de l’assemblée provinciale.

État de siège plus infrastructurel que secrétaire

L’ancien Ministre provincial du plan, budget et investissement, Pascal Kakoraki note que l’administration militaire s’est plus préoccupée de la question d’infrastructures que de celle de la sécurité.

« Combien de groupes armés ont été éradiqués? Bien au contraire, ils naissent tous les jours. C’est ce qui me pousse à qualifier cet état de siège d’infrastructurel », commente-t-il.

Pour le Gouvernement provincial, ce régime spécial a permis la stabilisation et la pacification de certaines parties de l’Ituri.

« Dans les quatre ans de l’état de siège, nous sommes passés de la stabilisation à la normalisation dans certains coins », affirme le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’exécutif provincial.

Persistance de l’insécurité et la mauvaise gestion

Evaluant ces quatre ans de l’état de siège, le journaliste et chercheur indépendant, Nicaisse Kibel Bel Oka pense qu’il n’a pas atteint son objectif primordial. Il soutient son affirmation par la persistance de l’insécurité et de l’instabilité au Nord-Kivu et en Ituti. Ce spécialiste des questions sécuritaires en région des Grands-Lacs ajoute également ce qu’il appelle, « mauvaise gestion des animateurs du régime militaire ».

L’Ordonnance du Président de la RDC, Félix Tshisekedi décrétant l’état de siège avait été proclamé le 6 mai 2021 avec comme objectif, éradiquer les groupes armés et restaurer l’autorité de l’Etat dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.