Recrudescence des cas de justice populaire en territoire de Lubero et dans la ville de Butembo. Une situation consécutive à l’avancée des rebelles du M23 dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Dans un intervalle de trois jours, au moins huit (8) morts et six (6) véhicules incendiés ont été dénombrés. Le dernier cas en date a été signalé, mardi 2 juillet à Mulo, dans la commune de Lubero-centre. Selon les sources locales, un homme d’une trentaine d’années a été arrêté par certains jeunes de la place. Ne détenant pas sa carte d’identité, il a été lynché par la foule.

Dans la soirée de lundi 1er Juillet, un véhicule transportant une équipe d’ingénieurs de l’entreprise SAFRICOM, déployée pour la construction d’une salle d’opérations et soins intensifs à l’hôpital général de Masereka a été la cible d’une attaque des habitants de la localité de Kilalo. Le véhicule et tous les matériels ont été réduits en cendre. Le personnel à bord s’est sauvé de justesse, confirme une source au bureau central de la zone de santé de Masereka. Le même lundi, 5 personnes sont mortes la journée dans un autre cas de justice populaire à Kyambogho, agglomération du territoire de Lubero située à la lisière avec la ville de Butembo.

Des véhicules et motos de l’ONG Tearfund brûlés par des jeunes de groupes de vigilance à Kiviriviri, ville de Butembo, aux premières heures de lundi 1er juillet.

Les deux premières victimes de Kyambogho dont les armes seraient retrouvées dans leurs bagages, ont été lynchées par des jeunes à proximité de la barrière de péage route. A quelques mètres delà, un autre jeune qui peinait à s’exprimer en dialectes locales a été brûlé vif. Tard dans la nuit de dimanche à Lundi, 5 véhicules de l’organisation non gouvernementale, Tearfund ont été brûlés et deux agents lynchés au niveau de Kiviri, sur le tronçon Luotu-Butembo. Certains jeunes organisés en groupes de vigilance nocturne auraient confondus ces humanitaires à des infiltrés.

Le risque de céder au jeu de l’ennemi

En réaction, l’administrateur militaire du territoire de Lubero appelle la population à s’abstenir des cas de justice populaire. Selon le Colonel Kiwewa Mitela Alain, la partie nord du territoire accueille un grand nombre de déplacés venus de Rutshuru qui n’avaient pas été enrôlés à la dernière échéance. Il pense que la vigilance populaire doit être faite en collaboration avec les services de sécurité.

« Le moment est très difficile pour tout le monde. Il faudra plus de retenue de la part de la population pour ne pas jouer la carte de l’ennemi », conscientise l’autorité territoriale.

Depuis l’occupation de la cité de Kanyabayonga par le M23, des violentes manifestations populaires se sont accentuées en territoire de Lubero et en ville de Butembo dont les auteurs sont identifiés comme des « groupes de jeunes de vigilance populaire ».

Asaph Litimire