Depuis le 30 novembre 2021, la coalition des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de l’Uganda People’s Defence Force (UPDF), a lancé les opérations conjointes Shujaa, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
par Georges Kisando, Butembo
L’objectif principal de ces opérations est de neutraliser les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe terroriste accusé d’être responsable des massacres de civils à l’est de la RDC et d’attentats terroristes en Ouganda.
Grâce à ces opérations, une accalmie s’est installée dans certaines zones du territoire de Beni, au Nord-Kivu. En effet, plusieurs combattants ADF ont été neutralisés, des bastions détruits et des otages libérés. Lors des réunions d’évaluation organisées à Kinshasa en novembre 2024, les experts des deux armées impliquées ont salué ces avancées.
Toutefois, malgré ces succès, les ADF demeurent actifs dans plusieurs zones, notamment à Beni, Irumu et Mambasa. De plus, depuis mai 2024, le groupe s’est étendu à Lubero et Bafwasende.
Un déploiement de l’UPDF qui suscite des interrogations
Avec l’avancée du M23 vers la partie Grand Nord de la province du Nord-Kivu, l’UPDF a renforcé sa présence dans des zones qui ne sont pas directement touchées par les attaques des ADF. Il s’agit notamment de Lubero-Centre, Magheria et Masereka, en territoire de Lubero, ainsi que de Mahagi, en Ituri.
Cette présence suscite de nombreuses interrogations dans les zones concernées.
Toutefois, l’armée congolaise insiste sur le fait que ce redéploiement s’inscrit toujours dans le cadre de la lutte contre les ADF.
Une mission soutenue par des acteurs locaux
L’évêque de Butembo-Beni, Monseigneur Sikuli Melchisédech, exprime sa confiance dans l’opération conjointe FARDC-UPDF.
« Ils sont présents dans le cadre de l’opération Shujaa, confiée sur la base du protocole signé entre les Présidents congolais et ougandais. Leur présence vise à appuyer les FARDC dans la lutte contre les ADF, ennemis du Congo et de l’Ouganda. Nous devons reconnaître leur contribution à l’accalmie que nous connaissons aujourd’hui. Voir autrement les UPDF, c’est avoir une perception biaisée de la réalité », affirme-t-il.
Une position également partagée par Maître Mulumbi, assistant parlementaire de Mbusa Nyamwisi, député national élu de Butembo. Il estime que l’UPDF constitue la meilleure réponse aux menaces actuelles.

« C’est la seule solution immédiate qui existe. Nous ne sommes pas opposés à ceux qui sensibilisent, mais quand la maison brûle, est-ce vraiment le moment de creuser un puits ? Je pense que c’est la solution la plus adaptée. Lorsque l’évêque affirme que l’UPDF est une nécessité pour contrer les envahisseurs, il a certainement raison », soutient-il.
Une détermination affichée sur le terrain
Sur le terrain, l’UPDF reste résolue à poursuivre sa mission. Dimanche dernier, à Lubero, le commandant Utimu Anthony, déployé en RDC depuis trois ans, s’est entretenu avec la population à ce sujet.
« Nous travaillons en parfaite collaboration avec les FARDC. Depuis le lancement de l’opération, tout se déroule dans la sérénité, que ce soit à Mwalika ou ici à Lubero. La population ne doit ni avoir peur ni nourrir de doutes. Nous sommes ici pour la protéger. Depuis notre arrivée à Lubero, la situation sécuritaire a considérablement évolué. En coordination avec les FARDC, nous traquons les ADF. Nous ne quitterons cette zone qu’après leur neutralisation totale. Avant, Lubero-Centre vivait sous la menace et la psychose de voir les M23-RDF arriver. Aujourd’hui, soyez rassurés, ils ne peuvent plus atteindre cette localité », a-t-il rassuré.
Face aux rumeurs, un rappel de la mission
Le déploiement de l’UPDF dans des zones qui ne connaissent pas directement l’activisme des ADF, dans un contexte de crise sécuritaire marqué par la guerre du M23, a suscité des spéculations sur les réseaux sociaux et parmi la population. Certains internautes y voient une possible tentative de balkanisation du Pays.
L’armée ougandaise apaise l’opinion que sa présence sur le territoire congolais vise une mission noble, qui n’a rien à voir avec la Balkanisation de la République Démocratique du Congo.