Accusé de soutenir le Mouvement du 23 Mars (M23), un groupe armé qui a repris les armes fin 2021 dans la Province du Nord-Kivu (RDC), le régime de Paul Kagame s’accroche sur le prétexte FDLR pour justifier ses multiples incursions sur le territoire congolais.
Défaite militairement en 2013 par l’armée congolaise, c’est depuis fin 2021 que l’ancienne rébellion du M23 a repris des hostilités contre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) au Nord-Kivu. En juin 2022, ces rebelles soutenus par le Rwanda ont pris le contrôle de la stratégique cité de Bunagana, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. Depuis octobre, plusieurs agglomérations du territoire de Rutshuru ont été conquises par les rebelles.
Face aux accusations de Kinshasa sur le soutien que le Gouvernement Rwandais apporte au M23, Kigali évoque le « danger » que constituent les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) sur son territoire. Et pourtant, plus de vingt ans après leur arrivée sur le sol congolais dans la foulée du génocide rwandais, les FDLR ne constituent plus une réelle menace pour le Rwanda.
Le régime de Paul Kagame se sert plutôt de la question FDLR comme prétexte pour justifier ses multiples incursions sur le territoire congolais. L’ancien Gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya parle d’une stratégie de recyclage des FDLR par le Rwanda.
« Cette stratégie consiste à réinjecter des faux FDLR en RDC pour permettre au régime de Kigali d’avoir un discours à vendre à l’opinion et se maintenir dans l’échiquier international. Toutes les fois que la RDC a organisé le rapatriement des combattants FDLR vers le Rwanda, en collaboration avec le HCR dans le cadre du DDRRR, ceux-ci sont souvent renvoyés frauduleusement sur le sol congolais. Nous l’avons découvert grâce à l’enregistrement biométrique. Des personnes déjà rapatriées étaient de nouveau retrouvées en RDC, avec la complicité des mêmes autorités Rwandaises », révèle-t-il.
Il fait observer que cette pratique reste la seule fibre sur laquelle le Rwanda se tient. Quand la RDC cherche à couper cette fibre en rapatriant les combattants Rwandais chez eux, Kigali perçoit une menace.
Une analyse que partage la société civile du Nord-Kivu. Celle-ci affirme que le Rwanda n’est pas prêt à recevoir les combattants FDLR pour plusieurs raisons.
« En plus du fait que le Rwanda se sert de la présence de quelques combattants FDLR sur le sol congolais comme prétexte pour agresser la RDC, ce pays fait aussi face à un problème d’espaces. Il renvoie ces FDLR en RDC pour chercher des terres, surtout que le nouveau régime de Kigali avait déjà confisqué tous les biens qui appartenaient à ces soit disant génocidaires », analyse un acteur de la société civile du Nord-Kivu.
En 2012, le groupe d’experts des Nations-Unies estimait que les FDLR étaient composées de 1 500 à 2 000 hommes. En 2020, le groupe a été réduit à plus ou moins 500 hommes. Les opérations ciblées des armées Rwandaise et congolaise depuis lors, ont sensiblement diminué sa capacité de nuisance.
« N’étant plus capable d’inquiéter la sécurité du Rwanda, les FDLR constituent aujourd’hui une menace très sérieuse pour les civils congolais », ajoute l’ancien Gouverneur du Nord-Kivu.
La Rédaction