Des violents combats opposent, depuis dimanche 20 Octobre 2024, les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) aux groupes Volontaires pour la Défense de la Patrie, VDP/Wazalendo dans la cité de Kalembe.

Kalembe est une agglomération stratégique regorgeant des sites miniers d’étain, située en territoire de Walikale, province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Commentant l’avancée des rebelles dans cette zone, en violation du cessez-le-feu en cours, le Chef de Travaux Reagan Muhesi parle d’un « manque du sérieux et de l’hypocrisie » dans le chef des parties prenantes au processus de Luanda.

« C’est la preuve que le processus n’est pas sérieux. Les acteurs ne se disent pas tout. Ils se caractérisent par une hypocrisie. Les acteurs se jouent des mauvais tours. Même le facilitateur sait éperdument que les deux acteurs sur la table ne sont pas sur la même longueur d’ondes et que ces négociations ou ces pourparlers n’ont pas d’issues parce que déjà les acteurs sont hypocrites et du côté de la RDC et du côté de la rébellion. Le cessez-le-feu reste superflu et visiblement il est observé que par un seul acteur et malheureusement c’est la RDC. Ce qui n’est pas normal pour un État moderne qui doit s’affirmer. Donc ça c’est déjà que ces processus, c’est de la poudre aux yeux par rapport à la crise qui sévit à l’Est depuis maintenant plus de deux ans, on est entrain d’aller vers la troisième année », explique-t-il.

Le Chef des Travaux Reagan Muhesi, chercheur en Sciences Sociales, Politiques et administratives.

Les enjeux de l’occupation de Walikale

Chercheur en Sciences Sociales, Politiques et administratives, il estime que l’avancée du M23 vers Walikale vise l’exploitation des minerais avec l’intention d’asphyxier davantage la ville de Goma en coupant toutes les lignes d’approvisionnement en produits vivriers.

« L’enjeu est de taille, pour la deuxième question. Moi je pense qu’il se situe à deux niveaux. Premièrement, il est tout d’abord stratégique pour le M23 d’occuper le Territoire de Walikale parce qu’occuper le Territoire de Walikale, c’est mettre en mal la Ville de Goma. C’est quand même connu en termes de ravitaillement pour les produits de première nécessité, pour les produits agricoles. […] Donc, il n’y a plus communication entre le grand nord et le petit nord. Et si le M23 occupait la totalité ou l’entièreté du Territoire de Walikale signifie que la Ville de Goma va être occupée même du petit nord. Deuxièmement, dans la stratégie militaire, le M23 s’investit à occuper une bonne partie si pas l’entièreté du territoire de Walikale. Cet enjeu, il est aussi économique parce que le Territoire de Walikale est connu pour ses minerais. Donc, occuper ce territoire, c’est aussi occuper tous ces carrés miniers. Ça fait générer de l’argent pour financer un peu la guerre », commente ce politologue.

La rébellion du M23 et les Forces Armées de la RDC sont sommées depuis août 2024, par les États-Unis d’Amérique, d’observer un cessez-le-feu. Une trêve voulue dans le cadre du processus de Luanda entre le Gouvernement de la RDC et celui du Rwanda, accusé de soutenir les rebelles.


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