« Malera », c’est le nom d’un phénomène devenu viral non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi au sein de l’opinion publique de Butembo, dans la province du Nord-Kivu. Il consiste à présenter une image dénigrante de tous les ressortissants de cette cellule de la ville de Butembo.

A Butembo, il n’est plus surprenant d’entendre des gens parler « de la fille de Malera, du couple de Malera,… », lorsqu’ils présentent aux allures dénigrantes, une image ou une photo qui sort de l’ordinaire. Un phénomène qui apparaît pour la première fois dans un audio de l’artiste musicien, Mista Poa. Largement partagé sur les réseaux sociaux, cet élément sonore décrivait l’inauguration du prestigieux nouvel hôtel de Butembo,« Believe ». Selon cette star de la musique dans la région, certains jeunes originaires de Malera « se sont baignés dans la piscine de cet hôtel moderne avec des babouches, porteuses de la boue ».

Certains habitants de cette cellule du quartier Mukuna, qui se sont confiés à rtvh.net, mercredi 17 avril 2024, considèrent ce phénomène qui ternit leur image comme une « injure et stigmatisation ».

« Nous ignorons ce qui se passe autour de nous dans cette sorte de dénigrement. Pourtant, à Malera, nous avons des jeunes talentueux, des femmes battantes, des gens qui ont le courage de travailler. Dans le secteur de transport, quand tu te présentes comme habitant de Malera, les taximen se moquent de toi », s’indigne Jeanis Sabuni, cadre de la mutualité locale de jeunes.

De son côté, le sociologue Katembo Ngitsi Jérôme invite la communauté de Butembo à combattre ce phénomène pour éviter des conséquences néfastes sur la cohésion sociale.

« Quand nous grandissions, on nous parlait d’un porc qui portait une jupe et qu’une fois que vous le croissez, vous mourez. En 2006, on parlait des bandits qui tirent le sang à travers le mur. En réalité , c’était du mensonge. Aujourd’hui, c’est le phénomène Malera qui apparait. Malera fait partie de la ville de Butembo. Une fois qu’on développe ce phénomène, c’est déjà un danger pour la cohésion sociale », déclare-t-il.

La cellule Malera tire également sa renommée de l’école primaire Teule et du Temple de l’église protestante de la CBCA Ishango, fonctionnant dans cette partie de la Commune de Bulengera.

Babakar Vikwa