L’ancien Président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, s’est prononcé, dimanche 23 février 2025 sur la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Il parle d’une crise multidimensionnelle qui nécessite une solution plus que militaire.
par Martin Leku
Dans une interview accordée au média sud-africain Sunday Times, Joseph Kabila fait savoir que cette crise date de 2019, avec la rupture de l’accord politique signé entre le Front Commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le Changement (CACH). À l’en croire, ce pacte qui a conduit à la première alternance à la tête de la RDC, a été déchiré par son successeur, le Président Félix Tshikedi.
« Depuis lors, la situation en RDC s’est détériorée. Le pays est au bord de l’implosion en raison d’une guerre civile qui menace de déstabiliser toute la région. Si la crise et ses causes profondes ne sont pas correctement abordées, tous les efforts pour y mettre fin seront vains », explique-t-il.
L’autorité morale du FCC soutient que la crise qui s’est empirée depuis 2021 est à la fois sécuritaire et humanitaire, politique, sociale, morale et éthique, ignorée par les pays et organisations partenaires de la RDC, dont la SADC. Selon lui, pour restaurer la paix et la stabilité dans l’Est du pays, il faut une solution plus que militaire.
« Pour restaurer la paix et la stabilité dans l’Est du pays, il est crucial de résoudre la question des groupes armés nationaux et étrangers présents sur le sol congolais. Cependant, contrairement à ce que les autorités de Kinshasa veulent faire croire, la crise ne se limite pas aux actions incontrôlées du M23 présenté à tort comme un groupe anarchiste, un proxy d’un État étranger sans revendications légitimes ni à un simple désaccord entre la RDC et le Rwanda », révèle-t-il.
Il ajoute que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC ne pourra prendre fin après une simple négociation entre la RDC et le Rwanda ou une défaite militaire du M23.
Par ailleurs, Joseph Kabila déplore les innombrables violations de la Constitution et des droits humains ainsi que les massacres répétés de la population congolaise par les forces de défense et de sécurité à travers le pays, constituant un recul démocratique majeur.
« Le régime actuel a muselé toute forme d’opposition politique. Intimidation, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé de politiciens, journalistes et leaders d’opinion y compris des responsables religieux, sont devenus des traits caractéristiques de la gouvernance de Tshisekedi », poursuit l’ancien Président de la RDC.
Il appelle à la prise en compte des revendications du peuple congolais contre son Gouvernement.
La sortie médiatique de l’ancien Président Joseph Kabila intervient au moment où les rebelles du M23 étendent leur zone d’occupation en provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Elle survient également après des nombreuses dénonciations du Président Félix Tshisekedi qui accuse son prédécesseur de soutenir le M23.
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