L’Organisation Non Gouvernementale Médecins Sans Frontières (MSF) indique avoir documenté près de 10 500 victimes et survivantes des violences sexuelles dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, entre janvier et avril 2025.
Par Martin Leku
Dans un communiqué rendu public jeudi 12 juin 2025, MSF note un accroissement des cas de violences sexuelles dans ces deux provinces secouées par la guerre du M23/AFC. Selon ce document, entre janvier et avril 2025, près de 10 500 victimes et survivantes des violences sexuelles ont été prises en charge par MSF, dont 7 400 en ville de Goma et environs, 2 400 à Sake, une cité située à plus de 20 Km du chef-lieu du Nord-Kivu ainsi que 700 en territoires de Kalehe et Uvira, au Sud-Kivu.
« Les chiffres sont sous-estimés par rapport à la réalité, car nombreux sont les obstacles pour accéder aux soins : peur de représailles, stigmatisation, éloignement géographique et manque des capacités de prise en charge dans les structures », explique Luders Leriche, Coordonnateur des activités médicales de MSF au Sud-Kivu.
L’ONG Médecins Sans Frontières accuse des porteurs d’armes à feu d’être majoritairement responsables de ces cas de violences sexuelles.
« À Goma, des nombreuses patientes relatent avoir été violées la nuit lors de pics d’insécurité. Les individus pénètrent dans la maison lors de cambriolages, et souvent séquestrent les habitants, voire assassinent les époux. Dans certains quartiers, ces agressions sont même commises en journée », rapporte François Calas, responsable des programmes de MSF au Nord-Kivu.
Cette organisation internationale déplore des conséquences sur la santé physique et mentale des victimes. Sur le plan social, elle cite le rejet familial et social, les divorces, la stigmatisation, les pensées suicidaires et immenses difficultés pour les survivantes de continuer à vivre dans les lieux où elles ont été agressées.
MSF souligne également des difficultés de prise en charge suite au manque de médicaments et kits nécessaires pour soigner les survivantes de violences sexuelles. Face à cette situation, il exhorte les parties en conflit à garantir davantage la protection des civils et faciliter leur accès aux soins.